06 mars 2011
Quand ça presse
- Montréal, 7 h du matin. En ce matin glacial et gris, le quartier industriel Mountain Sights ne paie pas de mine.
(Lisa-Marie Gervais, dans Le Devoir du 5 mars 2011.)
Montréal, 7 h du matin. En ce matin glacial et gris...
Il est 7 h à Montréal. En ce matin glacial et gris...
* * * * *
- Il y a mois, un automobiliste distrait et un peu trop pressé lui a roulé sur le pied alors qu'elle traversait la rue.
Vite, un café.
* * * * *
- Un courage dont ne font pas souvent preuve les autorités, estime le commissaire scolaire depuis 20 ans Kenneth George.
Il me semble qu'on ne dirait pas C'est ce qu'a déclaré la sous-ministre depuis trois ans Léanne Lafrance ni C'est l'avis de l'enseignant depuis vingt-cinq ans Sébastien Bédard, mais plutôt C'est ce qu'a déclaré la sous-ministre Léanne Lafrance, en poste depuis trois ans ou C'est l'avis de Sébastien Bédard, enseignant de vingt-cinq années d'expérience (ou encore C'est l'avis d'un enseignant de vingt-cinq années d'expérience, Sébastien Bédard; d'autres formulations seraient possibles). De même, je proposerais par exemple :
Un courage dont ne font pas souvent preuve les autorités, estime Kenneth George, commissaire scolaire depuis 20 ans.
Un courage dont ne font pas souvent preuve les autorités, estime un commissaire scolaire en fonction depuis 20 ans, Kenneth George.
* * * * *
- À l'époque du maire Pierre Bourque, lorsqu'il a commencé comme commissaire [...]
Il me paraît souhaitable d'éviter la répétition :
À l'époque du maire Pierre Bourque, lorsqu'il a été élu commissaire pour la première fois [...]
À l'époque du maire Pierre Bourque, lorsqu'il a reçu son premier mandat de commissaire [...]
À l'époque du maire Pierre Bourque et de ses débuts au poste de commissaire [...]
Line Gingras
Québec
« Trajet à hauts risques vers l'école! » : http://www.ledevoir.com/societe/education/318188/trajet-a...
01:17 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
05 mars 2011
Les garderies? Les places?
- L'augmentation des places dans les garderies non subventionnées sont à considérer [...]
(Mélissa Guillemette, dans Le Devoir du 4 mars 2011.)
Ce ne sont pas les garderies ni les places qui sont à considérer, mais l'augmentation des places dans les garderies :
L'augmentation des places dans les garderies non subventionnées est à considérer [...]
Line Gingras
Québec
« Services de garde : l'attente s'éternise » : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/318...
00:13 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
04 mars 2011
En grandes pompes
En grandes pompes ou en grande pompe.
- [...] Le déclin de l'empire américain, dont on a souligné en grandes pompes le 25e anniversaire cette semaine.
(Chantal Guy, dans La Presse du 27 février 2011.)
Je ne trouve la locution adverbiale que sous la forme en grande pompe dans le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, consultés à l'article « pompe » :
Arriver en grande pompe. (Petit Robert.)
Mariage célébré en grande pompe. (Lexis.)
Les jeunes gens de Tarascon promènent, en grande pompe et beaux costumes, une carcasse de bois recouverte de toile. (Dévigne, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Noter que cette expression s'emploie souvent de façon ironique, d'après le Petit Robert et le Multidictionnaire.
Line Gingras
Québec
« Le Déclin, l'intelligentsia et Fançoise Loranger » : http://www.cyberpresse.ca/chroniqueurs/chantal-guy/201102...
00:09 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
03 mars 2011
En absence de
En absence de ou en l'absence de.
- En absence d'un leader charismatique, la priorité, selon Ali Dergham, c'est de regrouper des gens autour d'un projet commun et de former un nouveau parti politique qui pourra incarner les idéaux de la place Tahrir.
(Agnès Gruda, dans La Presse du 14 février 2011.)
Je vois dans le Lexis que la locution en absence était employée dans la langue classique; elle signifiait « alors que la personne est absente » :
Ce que je trouve de bon, c'est que le Roi se soit souvenu d'Adhémar, en absence. (Sévigné.)
Les dictionnaires généraux que j'ai sous la main ne la reçoivent pas dans la langue moderne, toutefois; ils ne donnent pas non plus en absence de, mais en l'absence de :
En l'absence d'autorité publique, une sorte de féodalité s'était reconstituée. (Bainville, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Mais en l'absence d'un véritable désarmement nucléaire [...] (Goldschmidt, dans le Trésor.)
En l'absence de preuves, il a été relâché. (Lexis.)
En l'absence des enfants, nous avons pu prendre quelques jours de repos. (Lexis.)
Il est plus expansif en l'absence de ses parents. (Petit Robert.)
En l'absence du directeur, voyez son adjoint. (Petit Robert.)
J'écrirais donc :
En l'absence d'un leader charismatique, la priorité, selon Ali Dergham, c'est de regrouper des gens autour d'un projet commun [...]
Line Gingras
Québec
« L'Égypte, année zéro » : http://www.cyberpresse.ca/international/dossiers/crise-da...
13:29 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
02 mars 2011
Ainsi ici aussi
- Laprise aimerait bien pouvoir encore travailler ainsi ici aussi. Mais pour le moment, il a de grosses craintes pour l'avenir de son ami pêcheur Cyr.
(Marie-Claude Lortie, dans La Presse du 26 février 2011.)
Je proposerais :
Laprise aimerait bien pouvoir encore travailler de cette manière, ici également. Mais à l'heure actuelle, il a de grosses craintes pour l'avenir de son ami pêcheur Cyr.
Line Gingras
Québec
« Nœud de pêcheur » : http://www.cyberpresse.ca/chroniqueurs/marie-claude-lorti...
04:27 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
01 mars 2011
Une aide équivalent à...
Équivalent ou équivalant; grammaire française; orthographe.
- ... pour recevoir une aide équivalent à 400 $ US par famille...
(AP, dans Le Devoir du 28 février 2011.)
On a le choix entre le participe présent, équivalant, et l'adjectif, équivalent; bien entendu, celui-ci doit s'accorder :
... pour recevoir une aide équivalant à 400 $ US par famille...
... pour recevoir une aide équivalente à 400 $ US par famille...
Line Gingras
Québec
« Libye : Washington envoie des forces armées et des équipes humanitaires » : http://www.ledevoir.com/international/afrique/317767/liby...
06:54 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
28 février 2011
Trois sujets, tous féminins
- Bref, après avoir goûté au parfum enivrant de la victoire, même une victoire par procuration, je ne voyais vraiment pas l’intérêt de retourner là où ma culture, ma société, ma cinématographie allaient être à nouveau systématiquement ignorés pendant des années, sinon des siècles.
(Nathalie Petrowski, dans La Presse du 26 février 2011.)
Le participe passé employé avec l'auxiliaire être s'accorde en genre et en nombre avec le ou les sujets du verbe. Il y a ici trois sujets, tous féminins; il fallait donc écrire :
... là où ma culture, ma société, ma cinématographie allaient être à nouveau systématiquement ignorées...
Line Gingras
Québec
« Les Oscars en famille » : http://moncinema.cyberpresse.ca/nouvelles-et-critiques/ch...
02:11 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
27 février 2011
Versement d'honoraire
Honoraire ou honoraires.
- Au pouvoir lorsque l'inscription « Vous êtes pas écœuré de mourir bande de caves » a été gravée sur la murale, l'Union nationale a tenté de convaincre l'artiste d'effacer la fameuse phrase de Péloquin en retenant un versement de 5000 $ d'honoraire représentant 10 % du total.
(Antoine Robitaille, dans Le Devoir du 26 février 2011.)
L'artiste Jordi Bonet avait mis un s à écœurés, comme on le voit sur la photo qui accompagne l'article – et comme il se doit.
Le nom honoraires, au sens de « rémunération », pouvait autrefois s'utiliser au singulier, sans s. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, d'après le Hanse-Blampain. J'ai vu aussi le Petit Robert, le Lexis, le Multidictionnaire et le Trésor de la langue française informatisé, qui donnent tous honoraires comme un nom masculin pluriel, bien que le Trésor fasse observer qu'on relève de rares emplois au singulier.
Line Gingras
Québec
« La Révolution tranquille délie la langue des élus » : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/317...
05:29 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
26 février 2011
Les secteurs publics et parapublics
- ... l'interdiction du port de signes religieux ostensibles dans les secteurs publics et parapublics.
(Robin Philpot, dans Le Devoir du 18 février 2011.) - ... la proposition actuelle, qui s'appliquerait à l'ensemble des secteurs publics et parapublics...
On parle de deux secteurs, le public et le parapublic :
... les secteurs public et parapublic.
* * * * *
- Point besoin de répéter les raisons justifiant un État fort, car d'autres l'ont souligné de manière fort éloquente, notamment depuis le début de la Révolution tranquille.
Point besoin de répéter les raisons justifiant un État fort, car d'autres les ont soulignées de manière très éloquente, notamment depuis le début de la Révolution tranquille.
* * * * *
-
À titre d'exemple, allons-nous montrer la porte à toutes ces infirmières, médecins et enseignantes qui portent actuellement le foulard islamique ou la kippa juive dans nos hôpitaux et nos écoles?
Comme il est question d'hommes et de femmes, il convient d'utiliser le genre non marqué :
À titre d'exemple, allons-nous montrer la porte à tous ces professionnels de la santé ou de l'éducation qui portent actuellement le foulard islamique ou la kippa juive dans nos hôpitaux et nos écoles?
* * * * *
-
... j'ai été invité à prendre la parole au moins trois fois dans les mosquées du sud-ouest de Montréal. Bon nombre d'hommes et de femmes musulmanes se sont affichés ouvertement favorables au Parti québécois. Or, depuis que nous voguons vers une politique « à la française », qui relève davantage de son passé colonial en Afrique que d'un esprit républicain, je sais pertinemment que je n'aurais pas de telles invitations.
Trois observations :
Dans les mosquées, les hommes aussi sont musulmans.
S'afficher, c'est « se proclamer publiquement » (Trésor de la langue française informatisé); ouvertement est donc superflu.
L'adjectif ou déterminant possessif son peut renvoyer, grammaticalement, soit au syntagme une politique « à la française », soit au Parti québécois; on voulait plutôt évoquer le passé colonial de la France :
... j'ai été invité à prendre la parole au moins trois fois dans les mosquées du sud-ouest de Montréal. Bon nombre de musulmans, hommes et femmes, se sont affichés ouvertement favorables au Parti québécois. Or, depuis que nous voguons vers une politique « à la française », qui relève davantage du passé colonial de la France en Afrique que d'un esprit républicain...
-
Le Québec ne vit pas seul sur une île renforcée et entourée remparts qui le protègent de voisins encombrants et parfois belliqueux.
... entourée de remparts...
Line Gingras
Québec
« La proie ou l'ombre? » : http://www.ledevoir.com/politique/quebec/317005/la-proie-...
06:40 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, presse, médias
25 février 2011
Surprises, surprises
-
Reste à voir les petites surprises qui réservent la circulaire d'information...
(Sophie Cousineau, dans La Presse du 22 février 2011.)
Des surprises qui réservent une circulaire? On a sans doute voulu dire :
Reste à voir les petites surprises que réserve la circulaire d'information...
Line Gingras
Québec
« Une impression de déjà-vu » : http://lapresseaffaires.cyberpresse.ca/opinions/chronique...
01:22 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
24 février 2011
Bien qu'il eut concédé...
Bien que + indicatif ou subjonctif; passé antérieur de l'indicatif ou plus-que-parfait du subjonctif; grammaire française; orthographe.
- Mais bien que le Canadien eut concédé 19 tirs contre 8, il pouvait se rasséréner quelque peu en rentrant se réchauffer avec un déficit d'un seul but. Pendant l'entracte, on arrosait la glace à l'aide de bons vieux boyaux.
(Jean Dion, dans Le Devoir du 21 février 2011.)
On écrit correctement eut concédé, au passé antérieur de l'indicatif :
Après que le Canadien eut concédé 19 tirs contre 8, il rentra se réchauffer avec un déficit d'un but.
Après bien que, cependant, la règle veut que l'on emploie le subjonctif, selon le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain. Il fallait donc utiliser le plus-que-parfait du subjonctif dans la phrase à l'étude (ou sinon le subjonctif passé, ait concédé), et mettre un accent circonflexe sur le u :
Mais bien que le Canadien eût concédé 19 tirs contre 8, il pouvait se rasséréner quelque peu en rentrant se réchauffer avec un déficit d'un seul but. Pendant l'entracte, on arrosait la glace à l'aide de bons vieux boyaux.
Line Gingras
Québec
« Le grand air ne sied pas au Canadien » : http://www.ledevoir.com/sports/hockey/317268/le-grand-air...
23:57 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
23 février 2011
Les États-Unis et son espace aérien
- La collaboration [...] du Canada n'a pas empêché les États-Unis d'exiger de tous les voyageurs canadiens survolant son espace aérien qu'ils fournissent...
(Hélène Buzzetti, dans Le Devoir du 23 février 2011.)
Les États-Unis sont un pays; tout comme on dirait : « Les États-Unis veulent imposer une taxe », et non pas veut, il faut écrire :
La collaboration [...] du Canada n'a pas empêché les États-Unis d'exiger de tous les voyageurs canadiens survolant leur espace aérien qu'ils fournissent...
Line Gingras
Québec
« Périmètre de sécurité – Les libéraux soupçonnent Harper d'avoir menti » : http://www.ledevoir.com/politique/canada/317388/perimetre-de-securite-les-liberaux-soupconnent-harper-d-avoir-menti
06:30 Publié dans Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
22 février 2011
Au niveau des élèves ayant subit de l'intimidation
Subit, subi; participe passé du verbe subir; au niveau de; grammaire; orthographe.
- La proportion d'élèves ayant subit différentes formes d'intimidation a aussi diminué.
(Isabelle Légaré, dans Le Nouvelliste du 17 février 2011.)
Le participe passé du verbe subir, c'est subi, sans t; il fait subie au féminin. Quant à subit, c'est la forme de la troisième personne du singulier du présent ou du passé simple de l'indicatif. (Ce pourrait être aussi l'adjectif subit, synonyme de soudain.)
Il fallait écrire :
La proportion d'élèves ayant subi différentes formes d'intimidation a aussi diminué.
Dans un autre contexte, on écrirait :
Les élèves ont parlé des différentes formes d'intimidation qu'ils avaient subies.
* * * * *
- ... qui se réjouit plus particulièrement des résultats au niveau du tabagisme.
-
« Bien qu'à la baisse, la consommation de drogues est encore importante », a nuancé le Dr Grenier avant de mentionner qu'au niveau de l'alcool, 24 % des adolescents ont avoué avoir bu de manière « excessive et répétitive ».
La locution au niveau de, qu'elle soit employée au propre ou au figuré, doit en principe évoquer une idée de hauteur. Son utilisation au sens d'en ce qui concerne est fréquente, mais très souvent et vivement critiquée. Il faut la déconseiller.
On aurait pu écrire, par exemple :
... qui se réjouit plus particulièrement des résultats relatifs au tabagisme.
... avant de mentionner qu'en ce qui concerne l'alcool, 24 % des adolescents ont avoué avoir bu de manière « excessive et répétitive ».
... avant de mentionner que 24 % des adolescents ont avoué avoir abusé de l'alcool de manière répétitive.
Line Gingras
Québec
« Les jeunes vont bien... ou presque » : http://www.cyberpresse.ca/le-nouvelliste/actualites/201102/17/01-4371132-les-jeunes-vont-bien-ou-presque.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B13b_actualites_442_section_POS1
23:53 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
21 février 2011
Preuve qu'on n'a guère avancée
-
Si l'Office de la langue française ne s'occupe pas de la qualité de la langue, qui donc le fera?
C'est la question désespérante qui se posait, la semaine dernière, à la lecture d'une lettre collective que signaient, dans Le Devoir, neuf terminologues qui ont tous été à l'emploi de l'OLF.
(Lysiane Gagnon, dans La Presse du 17 février 2011.)
L'organisme s'appelle aujourd'hui l'Office québécois de la langue française (OQLF), comme l'indiquent les auteurs de la lettre.
La locution à l'emploi de est condamnée comme anglicisme; j'en ai parlé ici.
-
... on retrouve évidemment la vieille querelle entre la norme et l'usage, entre ceux qui essaient d'améliorer la qualité de la langue et les linguistes qui s'inclinent devant n'importe quelle habitude populaire, et qui accusent les premiers d'« élitisme »... preuve qu'on n'a guère avancée depuis l'époque où les garçons qui essayaient de bien s'exprimer se faisaient traiter de « fifs ».
Madame Gagnon ne fait pas allusion à une preuve qu'on n'aurait pas apportée; elle veut dire, plutôt : Cela prouve qu'on n'a guère avancé. Le mot que, élidé en qu', n'est pas pronom relatif représentant preuve, mais conjonction de subordination; le verbe avancer n'est pas employé comme transitif, au sens de « mettre en avant, proposer comme vrai » (Petit Robert), mais comme intransitif, au sens de « progresser ». Comme il n'a pas de complément d'objet direct, son participe passé doit rester invariable :
... les linguistes qui s'inclinent devant n'importe quelle habitude populaire, et qui accusent les premiers d'« élitisme »..., preuve qu'on n'a guère avancé depuis l'époque où les garçons qui essayaient de bien s'exprimer se faisaient traiter de « fifs ».
Line Gingras
Québec
« Langue : le vrai danger » : http://www.cyberpresse.ca/chroniqueurs/lysiane-gagnon/201102/16/01-4370968-langue-le-vrai-danger.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B13b_lysiane-gagnon_3265_section_POS1
09:30 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
20 février 2011
Cela n'engage pas à rien
- De nos jours, c'est simple : il suffit de s'opposer à la magouille des libéraux ou au « radicalisme » du PQ. Cela donne bonne conscience et n'engage pas à rien.
(Michel David, dans Le Devoir du 19 février 2011.)
Si cela n'engage pas à rien, c'est que cela engage à quelque chose. Je crois comprendre que monsieur David voulait dire :
Cela donne bonne conscience et n'engage à rien.
- Après le lancement de son manifeste, M. Legault entend faire une tournée du Québec pour prendre le pouls de la population. Vu l'espoir qu'avait fait naître la perspective d'un nouveau parti, c'est le moins qu'il puisse faire, mais cela pourrait bien prendre l'allure d'un baroud d'honneur.
Les trois verbes faire alourdissent ce passage; il me semble qu'on pourrait en éliminer deux. Il y aurait moyen aussi d'éviter la répétition de prendre, sans doute moins désagréable :
Après le lancement de son manifeste, M. Legault entend visiter les diverses régions du Québec pour prendre le pouls de la population. Vu l'espoir qu'avait suscité la perspective d'un nouveau parti, c'est le moins qu'il puisse faire, mais cela pourrait bien revêtir l'allure d'un baroud d'honneur.
Line Gingras
Québec
« Un baroud d'honneur » : http://www.ledevoir.com/politique/quebec/317152/un-baroud-d-honneur
06:16 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
19 février 2011
Ne fusse qu'une seule fois
Fusse, fût-ce; grammaire; conjugaison du verbe être; orthographe.
- Lorsqu’on écoute Yvon Deschamps, ne fusse qu’une seule fois, raconter ses monologues, ils se figent dans notre inconscient...
(Luc Boulanger, dans Le Devoir du 19 février 2011.)
La forme fusse existe, mais elle correspond à la première personne du singulier de l'imparfait du subjonctif, et non pas à la troisième : que je fusse, que tu fusses, qu'il fût... :
Je ne peux rien vous promettre, fût-ce pour vous faire plaisir. (Petit Robert.)
On pouvait écrire :
Lorsqu’on écoute Yvon Deschamps, ne fût-ce qu'une seule fois...
Lorsqu’on écoute Yvon Deschamps, ne serait-ce qu’une seule fois...
Line Gingras
Québec
« Théâtre – Deschamps d’honneur » : http://www.ledevoir.com/culture/theatre/317167/theatre-de...
02:10 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
18 février 2011
Révélation
- C'est en tout cas ce que révèle les plus récentes données de l'analyste des comportements en ligne ComScore dans son étude annuelle du fait numérique aux États-Unis.
(Fabien Deglise dans Les mutations tranquilles, 17 février 2011.)
Le sujet est inversé, mais il n'empêche que ce sont les plus récentes données qui révèlent quelque chose.
- ... cette technologie qui a vu le jour avant l'Internet, en 1965, dans les labos du MIT, tend désormais à être remplacé par les réseaux sociaux...
... remplacée...
- ... la place importante l'outil de nos jours dans les échanges scolaires...
... la place importante de l'outil...
Line Gingras
Québec
« Le courriel, une espèce en voie de disparition? » : http://www.ledevoir.com/opinion/blogues/les-mutations-tranquilles/316920/le-courriel-une-espece-en-voie-de-disparition
05:51 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
17 février 2011
Qui est-ce qui recommandait?
- ... les fonctionnaires de l’Agence canadienne de développement international (ACDI), le ministère de Mme Oda, recommandait le renouvellement du financement.
(PC dans le site du Devoir, 15 février 2011.)
Ce sont les fonctionnaires qui recommandaient le renouvellement; Agence canadienne de développement international est complément déterminatif de fonctionnaires, et le ministère de Mme Oda est un élément explicatif, inséré entre virgules.
On pourrait alléger la phrase en remplaçant un mot en -ment :
... les fonctionnaires [...] recommandaient de renouveler le financement.
Line Gingras
Québec
« Financement de Kairos : l’opposition demande la tête de Bev Oda » : http://www.ledevoir.com/politique/canada/316850/financement-de-kairos-l-opposition-demande-la-tete-de-bev-oda
08:43 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
16 février 2011
Troublant
- Lire sur iPad, je n'ai rien contre, c'est même agréable, mais c'est l'environnement qui entoure cette lecture qui est troublante, quand on est habitué à fermer l'ordinateur pour plonger dans un livre, sans partage de l'espace.
(Chantal Guy, dans La Presse du 13 février 2011.)
Non, ce n'est pas la lecture qui est troublante (bien qu'elle puisse l'être, à ses heures), mais l'environnement qui entoure cette lecture :
Lire sur iPad, je n'ai rien contre, c'est même agréable, mais c'est l'environnement qui entoure cette lecture qui est troublant, quand on est habitué à fermer l'ordinateur pour plonger dans un livre, sans partage de l'espace.
Line Gingras
Québec
« La vieille robe de chambre de Diderot » : http://www.cyberpresse.ca/chroniqueurs/chantal-guy/201102/13/01-4369839-la-vieille-robe-de-chambre-de-diderot.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B13b_chantal-guy_3760_section_POS1
07:49 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
15 février 2011
La parenthèse et l'accord du verbe
- Loin, très loin de cet islam primitif dont je viens de vous rebattre les oreilles, la rue égyptienne s'incarne aujourd'hui dans Waël Ghoneim, un jeune cadre de Google emprisonné pendant une douzaine de jours, dont le message (et les larmes) à sa sortie de prison ont galvanisé les jeunes manifestants égyptiens.
(Pierre Foglia, dans La Presse du 12 février 2011.)
Le contenu d'une parenthèse est un élément accessoire, que l'on peut retrancher de la phrase sans que celle-ci devienne incomplète; il ne détermine donc pas l'accord du verbe. Je proposerais :
... dont le message (et les larmes) à sa sortie de prison a galvanisé les jeunes manifestants égyptiens.
... dont le message et les larmes, à sa sortie de prison, ont galvanisé les jeunes manifestants égyptiens.
Line Gingras
Québec
00:50 Publié dans Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
14 février 2011
Dans l'ordre et dans le désordre
- Fort bien accueilli en mars 2009, le rapport du Groupe d'action sur la réussite et la persévérance scolaire dirigé par L. Jacques Ménard...
(Lisa-Marie Gervais, dans Le Devoir du 14 février 2011.)
Il s'agit en fait du rapport du Groupe d'action sur la persévérance et la réussite scolaires* au Québec, ainsi que le montre une recherche Google (et comme on peut le voir sur la page couverture du rapport).
- Près de six mois plus tard, la ministre de l'Éducation de l'époque, Michelle Courchesne, s'en était grandement inspirée pour élaborer son plan d'action pour la Persévérance scolaire...
Rien ne justifie la majuscule à persévérance.
- Dans le même ordre d'idée...
On écrit dans le même ordre d'idées**, d'après le résultat des recherches que j'ai déjà effectuées sur la question.
Line Gingras
Québec
* À 15 h 28, je vois que l'on a mis la marque du pluriel à scolaires, mais que l'ordre des mots n'a pas été rétabli.
** La correction a été apportée.
« Persévérance scolaire – Une passerelle de la garderie à la maternelle » : http://www.ledevoir.com/societe/education/316757/perseverance-scolaire-une-passerelle-de-la-garderie-a-la-maternelle
04:28 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias